Plissage
décors et design

plissage en cours

Un art nommé plissage

Le plissage est un savoir-faire étonnant et rare, un métier d’art à part entière et pourtant assez méconnu. Ce travail du textile permet de donner forme à la matière, de structurer son mouvement, de lui imprimer un motif, de la mettre en volume. Si vous ouvrez bien l’œil, vous verrez qu’il est presque toujours présent dans mon travail. Comme toutes les techniques que j’utilise, je l’envisage comme un moyen et non une fin. Je l’appréhende de différentes manières, tantôt origami, tantôt tesselations. Parfois classique, mais toujours étonnant. Je continue d’explorer les possibilités de cette technique et espère partager avec vous, bientôt, de nouvelles trouvailles.

Le Parterre de lys

Le parterre de lys est un panneau décoratif en tarlatane plissée et agrémenté de fleurs dans la même matière teinte et plissée. Le motif répété 360 fois sur ce panneau de deux mètres de long est le Double Spearhead de l’artiste papier Michal Kosmulsky, qui a accepté que je développe sa technique de pliage du papier en plissage du textile. Cette collaboration a permis de créer des plissages inédits, dont j’enrichis la collection grâce à des échanges avec d’autres artistes papier, tels que Miguel A. Gagnan ou encore Christiane Bettens. Ces plissages en deux dimensions ne sont pas sans rappeler les motifs de l’art islamique que l’on retrouve dans les mosaïques et les moucharabieh. J’ai toujours aimé l’association de ces formes géométriques à des compositions florales présentes dans les tapis orientaux. Le tapis oriental peut-être considéré comme une extension du jardin à l’intérieur des pièces. Métaphorique, la contemplation du parterre de lys n’en demeure pas moins l’opportunité de prendre le temps d’une ballade visuelle et apaisante entre les cent fleurs et les lignes du jardin. Vous y découvrirez de délicats ornements, tels que les pistils or ou rose réalisés en crochet maille des fleurs, certaines exposant leurs veines en barbes de plumes d’autruche et d’autres encore se parant de quelques notes de couleur grâce à un montage de coquilles d’oie et de plumes de faisan argenté.

 

<meta name= »p:domain_verify » content= »f106479b4dd57f5527ba1cab9b8b0a98″/>

Parterre de Lys
Panneau décoratif parterre de lys vue de face
Panneau décoratif Parterre de lys

Table basse
plissage et légèreté

La technique du verre feuilleté sert à emprisonner un plissage entre
deux plaques de verre. Cette technique, similaire à celle de la
fabrication d’un parre-brise permet de créer du mobilier, des cloisons
comme, par exemple, une paroi de douche à l’italienne.

La première réalisation de ce projet est une table basse. La transparence du verre permet d’admirer la délicatesse du plissage en organza qui semble flotter en apesanteur au-dessus du sol. J’ai réalisé ce plissage à la main d’après le motif Swirl de l’artiste papier Miguel A. Ganan.

 

Les pieds de table sont quant à eux en acier peint en or. Ils enserrent le plateau de verre grâce à un principe de serre-joint. Je les ai créer dans le but de réaliser un piétement tout en légèreté qui ne se verrait pas à travers le plateau de verre, à la manière du système des tables T9 de François Arnal.

 

table basse

Pied de table serre-joint

table basse

Détail du plateau de table

plateau de table basse

Plissage Swirl

Plissage et herbier

Venant du secteur des métiers d’art textile, j’ai un rapport très fort au décor et à l’ornement. Un objet doit avoir plusieurs lectures : tout d’abord ses contours avec des proportions suffisamment intéressantes pour attirer le regard. Ensuite une surprise quand l’observateur s’approche pour comprendre ce qu’il a sous les yeux : « Mais c’est du tissu, ce sont des plantes ». Et enfin la finesse des détails qui viennent diriger le regard vers le domaine du macroscopique, vers l’histoire qui se poursuit à l’intérieur de l’objet. Cette narration provient du décor créé point par point, grâce aux savoir-faire textiles que j’emploie. Les projets qui suivent, le miroir et le cadre sont une des recherches de décors menées cette année 2023. Ce travail est le résultat d’échanges avec l’entreprise rennaise Atelier Pachatur qui a généreusement fourni les fleurs pressées cueillis dans le jardin. Nous avions pour ambition de retravailler le vocabulaire de l’herbier en proposant des compositions originales qui viendraient habiller le plissage sans pour autant le cacher, et d’apporter ainsi un morceau éternel de jardin au printemps à l’intérieur de nos maisons.

Miroir doré

Le miroir herbier est composé d’un miroir doré sur lequel est posé un plissage d’organza de soie noire d’après le motif Masked Meeting de Miguel A. Gañan, ornementé de fleurs pressées dans des teintes fraîches et joyeuses, telles que des pâquerettes, du mimosa et des fleurs de pissenlit. La composition est protégée par un plexiglas musée transparent.

C’est un objet décoratif qui brouille les perspectives en recréant une profondeur, en trompant la lecture par l’effet moiré de la superposition dans différentes directions des plis de l’organza, et de par ses codes à la fois anciens, classiques et contemporains. L’utilisation du miroir doré fait écho à l’esprit décoratif vintage, mêlant herbier désuet dans du verre bombé des années 60 et effet kaléidoscopique dans un style 70’s, tandis qu’il présente une certaine sobriété dans les contours nets de l’hexagone.

.

Cadre lumineux
Trois arborescences

La nature est un thème central dans mon travail, ma source première d’inspiration et ce qui me parle à travers les oeuvres des artistes ou artisans d’art que j’apprécie. Il y a ce que l’on voit de ses propres yeux, ce que l’on observe parfois à la dérobée pendant une promenade. Et il y a la manière dont les autres voient cette même nature, à travers le prisme de leur sens, de leur époque et de leur culture. Des arts décoratifs des années 20 aux tapisseries des années 70, à l’esthétique aseptisée de l’an 2000 pour revenir à un rapport plus emprunt de réalisme à notre époque, sans doute causé par l’urgence climatique et la prise de conscience collective de la nécessité de préserver l’environnement pour sauver le vivant, et nous avec, la faune et la flore changent systématiquement de représentation.

Avec ce projet de décor, je voulais recréer un morceau de bord de chemin printanier, un instant privilégié contemplatif comme celui offert par Dom Robert avec sa tapisserie l’Ecole Buissonnière de 1997. Les végétaux se mêlent les uns aux autres et se confondent pour créer des arborescences uniques et précieuses, sur le fond d’un plissage en pongé de soie rose. Les fleurs pressées sont ici rehaussées d’une broderie à l’aiguille de fils métallisés, créant un léger scintillement qui invite à entrer plus en avant dans la scène, à s’approcher encore un peu. Quand le cadre est rétroéclairé, c’est le plissage de soie qui s’impose sur le devant de la rétine, dévoilant son secret complexe de fabrication, la superposition invisible et régulière de la matière par petits plis, sur lesquels se découpent en ombres chinoises veinées, les feuilles et les pétales de l’herbier.