décors et design
Plissage
Le plissage est un savoir-faire étonnant et rare. Cette technique textile permet de sculpter la matière, de structurer son mouvement, d’y imprimer un motif, de lui donner du volume. Si vous observez bien, vous remarquerez qu’il est presque toujours présent dans mon travail. Comme toutes les techniques que j’utilise, je le considère comme un moyen, et non comme une fin en soi. Je l’aborde de différentes manières, tantôt sous forme d’origami, tantôt en tesselations. Parfois classique, mais toujours surprenant. Je continue d’explorer les possibilités infinies de cette technique et espère bientôt vous partager de nouvelles trouvailles.
Un art nommé plissage
Collections
Mobilier
et Architecture
Table basse
La technique du verre feuilleté permet d’emprisonner un plissage entre deux plaques de verre. Semblable à celle utilisée pour la fabrication d’un pare-brise, elle offre la possibilité de créer des meubles et des cloisons, comme une paroi de douche à l’italienne, par exemple.
La première réalisation de ce projet est une table basse. La transparence du verre met en valeur la délicatesse du plissage en organza, qui semble flotter en apesanteur au-dessus du sol. J’ai réalisé ce plissage à la main, inspiré du motif Swirl de l’artiste papier Miguel A. Ganan.
Les pieds de la table, en acier peint en or, enserrent le plateau de verre grâce à un principe de serre-joint. J’ai conçu ces pieds dans un souci de légèreté, de sorte qu’ils se fondent dans le plateau de verre, à l’instar du système des tables T9 de François Arnal.
Architecture d'intérieur
Les possibilités qu’offre la technique du verre feuilleté sont nombreuses : projet de brise vue, marches d’escalier, cloisons en tout genre comme une paroi de douche à l’italienne, une rampe d’escalier, des portes, etc… Cette technologie garantit la mise aux normes des projets ainsi que leur durabilité.
Plissage et décors
Plissage et herbier
Issu du secteur des métiers d’art textile, j’ai un lien très fort avec le décor et l’ornement. Un objet doit offrir plusieurs niveaux de lecture : d’abord, ses contours, avec des proportions suffisamment intéressantes pour capter le regard. Ensuite, une surprise se dévoile lorsque l’observateur s’approche pour comprendre ce qu’il a sous les yeux : « Mais c’est du tissu, ce sont des plantes ! » Enfin, la finesse des détails dirige le regard vers le domaine du macroscopique, vers une histoire qui se déploie à l’intérieur de l’objet. Cette narration naît du décor créé point par point, grâce aux savoir-faire textiles que j’emploie.
Les projets qui suivent, le miroir et le cadre, font partie de mes recherches sur le décor menées en 2023. Ce travail est le fruit d’échanges avec l’entreprise rennaise Atelier Pachatur, qui a généreusement fourni les fleurs pressées cueillies dans le jardin. Nous avions pour ambition de revisiter le vocabulaire de l’herbier en proposant des compositions originales qui viendraient habiller le plissage sans le dissimuler, apportant ainsi un morceau éternel de jardin printanier à l’intérieur de nos maisons.
Miroir doré
Le miroir herbier se compose d’un miroir doré sur lequel repose un plissage en organza de soie noire, inspiré du motif Masked Meeting de Miguel A. Gañan, orné de fleurs pressées aux teintes fraîches et joyeuses, comme des pâquerettes, du mimosa et des fleurs de pissenlit. La composition est protégée par un plexiglas de qualité musée, transparent.
Cet objet décoratif brouille les perspectives en recréant une profondeur. Il joue avec la perception grâce à l’effet moiré créé par la superposition des plis d’organza dans différentes directions, mêlant des codes anciens, classiques et contemporains. L’utilisation du miroir doré évoque un esprit décoratif vintage, fusionnant l’herbier un peu désuet des verres bombés des années 1960 et l’effet kaléidoscopique des années 1970, tout en conservant une sobriété grâce aux contours nets de sa forme hexagonale.
Cadre herbier
La nature est un thème central dans mon travail, ma principale source d’inspiration, et elle s’exprime également à travers les œuvres des artistes et artisans d’art que j’admire. Il y a ce que l’on voit de ses propres yeux, parfois à la dérobée, lors d’une promenade, et il y a la manière dont les autres perçoivent cette même nature, influencée par leur sensibilité, leur époque et leur culture. Des arts décoratifs des années 1920 aux tapisseries des années 1970, de l’esthétique aseptisée des années 2000 au retour à une représentation plus réaliste de notre époque — sans doute provoquée par l’urgence climatique et la prise de conscience collective de la nécessité de préserver l’environnement pour protéger le vivant, et nous-mêmes — la faune et la flore évoluent constamment dans leur représentation artistique.
Avec ce projet de décor, je souhaitais recréer un fragment de bord de chemin printanier, un moment contemplatif privilégié, à l’image de la tapisserie L’École Buissonnière de Dom Robert (1997). Les végétaux s’entrelacent et se confondent pour former des arborescences uniques et précieuses, sur un fond de plissage en pongé de soie rose. Les fleurs pressées sont ici rehaussées de broderies à l’aiguille en fils métallisés, qui ajoutent un léger scintillement, invitant à se rapprocher pour mieux plonger dans la scène. Lorsque le cadre est rétroéclairé, le plissage de soie prend le devant de la scène, révélant son secret complexe de fabrication : une superposition invisible et régulière de petits plis, sur lesquels se dessinent en ombres chinoises veinées les feuilles et les pétales de l’herbier.
Parterre de lys
Le Parterre de lys est un panneau décoratif en tarlatane plissée, agrémenté de fleurs réalisées dans cette même matière, teinte et plissée. Le motif, répété 360 fois sur ce panneau de deux mètres de long, est inspiré du Double Spearhead de l’artiste papier Michal Kosmulsky, qui m’a autorisé à adapter sa technique de pliage du papier au plissage textile. Cette collaboration a permis de créer des plissages inédits, enrichissant ma collection grâce aux échanges avec d’autres artistes spécialisés dans le pliage, tels que Miguel A. Gañan et Christiane Bettens. Ces plissages en deux dimensions rappellent les motifs de l’art islamique que l’on retrouve dans les mosaïques et les moucharabiehs.
J’ai toujours aimé associer ces formes géométriques à des compositions florales, comme celles que l’on retrouve dans les tapis orientaux, qui peuvent être vus comme une extension symbolique du jardin à l’intérieur de la maison. Le Parterre de lys invite à une contemplation métaphorique, offrant une promenade visuelle apaisante entre les centaines de fleurs et les lignes du jardin. Ce panneau révèle des ornements délicats, tels que des pistils en crochet d’un or ou rose fin, ainsi que des fleurs aux veines apparentes, faites de barbes de plumes d’autruche. Certaines se parent de touches colorées grâce à un assemblage de coquilles d’oie et de plumes de faisan argenté.
Gemmes
Des pierres précieuses qui s'illuminent
Qu’est-ce que la lumière, sinon l’ornement d’une pièce, qui lui confère tantôt une ambiance chaleureuse, tantôt une allure plus austère ? La collection Gemmes, avec les appliques murales Marquise et Trillion, s’inspire du travail minutieux du joaillier, qui taille les facettes des pierres précieuses pour en révéler tout l’éclat. À l’instar de ces gemmes, je sculpte les facettes de mes créations en tissu grâce à l’art du plissage, inversant les lignes des chevrons pour atteindre un volume parfaitement équilibré. Leur éclat, quant à lui, provient de la superposition de trois plissages, qui diffusent une lumière douce et se reflètent délicatement sur le cadre en laiton doré.
Ces appliques sont entièrement réalisées à la main, depuis la teinture des tissus jusqu’à l’assemblage des éléments. Véritable bijou de décoration, elles viennent habiller une pièce : un rose tendre dans un boudoir, ou un jaune citron dans un petit salon.
